La tyrannie du travail – Travailler moins pour vivre mieux

De Stephane Bodénès – 2009 – 101 pages – Editions Slatkine 
Chronique et résumé de La tyrannie du travail – Travailler moins pour vivre mieux

Derrière ce titre satanique se cachent les révélations d’un monde moderne, qui va vite, laissant très peu de place aux valeurs de l’être humain. L’auteur décortique un aspect totalement inexploité de la condition humaine, la liberté de l’oisiveté comme valeur.

Introduction

Nous devons travailler. Parait-il

« Devons » ?… Ou plutôt, on nous a mis dans la tête cette injonction depuis des millénaires. Et pourtant nous allons mourir. Tous !

Sans échappatoire ni sursis, irrémédiablement.

Or, que faisons-nous de nos existences ?

Nous sacrifions nos meilleurs moments, nos énergies non renouvelables, nos années les plus fraîches de nos fugaces destinées à une idole barbare, crucifiante, envahissante et dévorante : le travail.

Souvenons-nous chaque jour que nous allons nourri, non dans une obsession morbide d’autoflagellation d’épouvante, mais pour bien saisir que la vie n’est pas belle malgré la mort, mais grâce à elle. La mort, cette pédagogue hors norme, nous oblige à réfléchir au caractère fort limité de notre capital temps. Mortels, faisons des choix, fabriquons une vie pleine, jubilatoire et féconde, dans laquelle le travail n’a qu’une place et pas, loin s’en faut toute la place. Un strapontin éventuellement, mais pas un fauteuil, encore moins un trône.

« Travailler moins pour vivre mieux !» plus qu’un slogan, une orientation politique, un choix philosophique, un chemin de vie, loin de la vaine agitation et de l’étourdissement esclavagiste. Vite, remettre le travail à sa lace : secondaire ; réinstaller l’homme à la sienne : centrale. Vivre plutôt que produire.

Changeons de vie, ici et maintenant, non dans l’attente messianique d’un au-delà réparateur, voir vengeur, ni dans celle d’un grand soir hypothétique, mais à notre échelle, avec nos aspirations et nos contradictions, nos faiblesses et nos enthousiasmes. Devenons des objecteurs de conscience vis-à-vis du travail et de sa tyrannie qui nous empêche de bien vivre, de vivre tout simplement. Croisons les bras pour retrouver le sourire.

Le travail, mythe et réalité : la liberté assassinée par le faire

Comme tout fait historique et sociologique, le travail est nimbé de mythes, c’est-à-dire, de justifications, d’approches, « arrangées », déformées, plus ou moins fantaisistes, destinées à glorifier le travail en tant que valeur.

Le mythe, ou plutôt un ensemble de mythes religieux, sociaux, culturels, sacralisèrent faussement le travail, diabolisant son refus.

Qu’est-ce que le travail ?

C’est une utilisation d’outils techniques, de savoir-faire humain, transformant la nature, tendant vers un but via l’expansion d’une des formes de l’intelligence humaine. En ce sens, l’animal ne travaille pas. Le travail est une contrainte sociale, une nécessité économique, une volonté du groupe et ou de la personne selon les cas.

Le travail s’impose comme nécessité extérieure : survivre, se nourrir, se loger, etc. pour l’individu, une obligation économique et sociétale. La nécessité existentielle, quant à elle, reste beaucoup moins évidente. Celle-ci donnerait au travail le rôle de conférer un sens à nos vies via la joie d’agir, de créer, de transformer et de se transformer soi-même par notre emprise, même modeste sur le monde. Double avantage supposé la reconnaissance sociale et de l’estime de soi. Je travaille donc je suis digne de faire partie du groupe dont j’accepte par la même les grandes règles d’autorégulation.

Notre époque, engluée dans 1000 inquiétudes, voir fleurir aspirations et interrogations bouillonnantes, mais intéressantes : culte du meilleur et pour le pire, volonté de jouissance, aspirations alternatives, mort des idéologies et des tabous. Dans ce contexte, des questions dérangent : le travail est-il vraiment dans la nature de l’homme ? La glorification du travail n’est elle rein d’autres qu’une sacralisation,, par la bande, de l’ordre social ? Le plaisir résiste-t-il au culte endiablé du toujours plus, allez tour de la précarité, au chantage patronal généralisé, ou harcèlement quotidien institutionnalisé ? La marchandisation intégrale des rapports sociaux est-elle tolérable ? Défendable ?

Les sphères économiques dirigeantes louent le travail ainsi que le monde politique, communiquant dans un bel unanime. Le travail n’est pas scandaleux, seule son exploitation par le capital l’est.

Le travail, rappelons-le, n’est pas une fin mais un moyen. N’est pas une valeur en soi. La lutte des classes ne doit pas consister uniquement à vendre sa force de travail ou meilleur prix en échange de tels ou tels micros amélioration des conditions d’exercice de telle profession ou de telles misérables augmentations de salaire

Notre société, modèle idéologique, notre système économique hyper valorisent la notion de travail. Le travail complexe, s’il libère parfois, fort ponctuellement il a servi le plus souvent.

Le travail aliéné et tue : rétrospective d’un fléau

Oui, le travail tue et aliène. Pas seulement dans les temps de la mort dans les bas-fonds de Calcutta. Chez nous aussi. Cela commence très tôt à l’école précisément.

L’enfance cet âge d’or ou l’on ne fait rien, mais où l’on en apprend le plus : théâtre de spontanéité, de créativité, de poésie, d’innocence. Oui mais enfance démolies par les philistins Laborophiles et leur relais scolaire. Bien l’incarcération dans des écoles prison, caserne où l’on apprend la norme, la méchanceté de l’autre, l’ostracisme qui frappe d’emblée le montant noir qui, de façon ou d’une autre, se dit-elle troupeau, séances interminables de bourrage de crâne, loterie hasardeuse de la sélection s’opérant sur des critères parfaitement subjectifs décidés en haut lieu au hasard des caprices ministériels et les humeurs cyclothymiques d’inspecteur académique staliniens.

Le reste du parcours ne vaut pas mieux : scolaire, universitaire pour les plus chanceux, vie professionnelle. Continuum gris d’un gaspillage phénoménal de temps, d’énergie, perte d’illusions abyssale. On finit par s’orienter vers un travail alimentaire, puis, petit à petit, le désintérêt prend le dessus, multipliant imperceptiblement toute velléité de révolte. Le travail se transforme en impôts payés en temps, en savoir-faire, en énergie : on verse tout cela à la société qui, est en échange nous octroie un gagne-pain.

La vie, la survie passe par le travail, mais la vie n’est pas le travail : malheur à l’homme dont l’activité professionnelle constitue l’épicentre de son existence. Il s’expose à maints tourments, à des avalanches de désillusions

Journée type d’un employé esclave

Les Romains gravés parfois, à côté de leurs cadrans solaires la maxime suivant : Vulnerant omnes, ultima neant, c’est-à-dire, en parlant des heures, toutes blessent la dernière tue.

Voyons à présent la journée type d’un employé occidental :

  • 7 heures de sommeil
  • 2 heures de repas
  • 2 heures de transport
  • 8 heures d’activité professionnelle
  • 3 heures de travaux domestiques
  • 2 heures de loisirs

Scénario glauque. Dans la normalité. Que dire quand se surajoutent à cela des problèmes de santé, des soucis d’argent, les tensions familiales, et divorce qui s’annonce, des décès ?

Un occidental vivant 85 dans ayant eu la chance de faire des études, aura travaillé de 25 ans à 65 ans, soit 40 ans de vie professionnelle plus d’une vingtaine d’années de travail scolaire.

L’employé, vous moi, ce vent, les monnaies sa force de travail, son savoir-faire : par temps de vaches maigres, il rampe s’il le faut, passe examen, concours, entretien, tests pour décrocher un gagne-pain présenté par les « autres » comme une faveur dont il devra montrer, sans cesse, qu’il la mérite.

Dieu travail-t-il ? Le probable farniente divin

Le travail n’est probablement pas d’essence divine, il n’est en tout cas pas sacré. La justice, seule, l’est. Comme le droit au bonheur. Comme le droit à remplir sa vie d’autre chose que de tâches répétitives, ingrate et abrutissante.

L’oisiveté est-elle utopique ?

Qu’entend-on par oisiveté ? En fait, dans l’oisiveté on médite, on pense, on contemple, ce qui constitue bien une forme de travail. On résiste à l’envie de faire quelque chose. L’oisiveté n’est pas un but en soi ne un tremplin vers le bien-être. À ne pas confondre avec la paresse.

Camus disait : « l’angoisse de la mort est un luxe qui touche beaucoup plus l’oisif que le travailleur » et si c’était le contraire ?

Notre société déboussolée s’abrutit dans l’hyperactivité, dans le fait divertissement électrique, dans le pseudo loisirs massifiant et aliénants, survol par l’homme, l’occupant à n’importe quel prix, le noyant sous les décibels, des obligations, le martelant de maintes de pression : les mainmise pour omniprésence de l’autoritarisme de la montre, du planning.

L’oisiveté mène l’esprit dans des principautés troublent aux confins flous, et ayant pour nom mélancolie, nostalgie, langueur, attente, empathie, ennui : autant d’antichambre ou vide, à l’absurde, au néant, autant de catapultes polymorphiques pour une enquête authentique, mais âpre du sens.

Décrochons, pensons, respirons, fabriquons notre propre sens loin des chapelles aliénantes, méfiantes à l’égard du système, non moins vigilant à l’égard des théoriciens utopistes, bâtisseurs parfois suspects de para société étouffante

Anarchie et travail

Face au système actuel aux postures sont à chacun d’entre nous : la collaboration, l’activisme politique le retrait.

La collaboration : voie royale choisie par tous ceux qui, par pragmatisme ou par adhésion, font avec ce qu’il y a, c’est-à-dire un système bancaire, injuste, mais où il faut, sous peine de disparaître, s’efforcer de tirer son épingle du jeu en travaillant, feignant de le faire parfois, en collant à ce que le monde attend de nous, sans illusion, mais avec plaisir d’en tirer le maximum d’avantages possibles et le minimum d’effets négatifs.

L’activisme politique : on pense qu’un meilleur et non seulement souhaitable, mais aussi possible : on milite, on défend des contre-valeurs, pour soi, mais aussi pour le groupe, la dimension sociale égalant ou dépassant les individus individualisme. La conviction souhaite alors s’étendre par une contagion émancipatrice : on rêve le monde et on veut le changer via un volontarisme ambitieux, salvateur, cherchant à faire tache d’huile, autour de soi.

Le retrait anti mondain cherche, lui, l’eumétrie, c’est-à-dire la bonne distance entre moi et la masse, dans une forme d’apolitisme, ou plus exactement d’opinions politiques valables uniquement pour ma personne, sans espérance prosélyte : résistance d’un homme, entouré de son commissaire, famille, amis, face à un système, le sauvetage personnel avant le ciment à la, l’individualisme viscéral et non négociable fuyant l’instinct grégaire.

Le travail comme un de ma liberté est donc à combattre ou à fuir. Adversaire de mon bonheur, il les, à ce double titre, de foi à condamner.

Pour une société alternative

Quand on commence à réfléchir à une nouvelle forme de travail ou à une place différente d’un travail, c’est toute la société dans son entier, comme on s’apprête déjà à modifier, en surface comme en profondeur

en 2006, les 500 plus puissantes sociétés transcontinentales (dont 60 % sont états-uniennes) contrôlent 52 % du produit mondial brut, c’est-à-dire l’ensemble des richesses. 1 % des habitants les plus riches gagnent autant que 57 % des terriens les plus pauvres.

Retenons cinq grandes pistes

  • Le capitalisme ultralibéral est-il indispensable ?
  • Est-il moral ?
  • Quelle croissance, pour aujourd’hui, pour demain ?
  • Quel alternatif possible ?
  • Quelle action concrète pour d’autres horizons ?

L’attaque est aisée et proposition pour changer tout cela beaucoup moins. Risquons-nous, néanmoins, à cet exercice. L’auteur développe dans ce chapitre chaque questions poser et tante d’y trouver une réponse.

Flemmarder pour philosopher – ralentir pour mieux penser

Nous sommes broyés par l’urgence, au travail, dans la vie en général. Le rare temps libre est colonisé par la farce médiatique, tonitruant, par la captation du faire, toujours plus, jusque dans nos pseudo loisirs. Tout est fait pour que nous pensions le moins possible.

Face à ce cirque, un contrepoison nous attend, une arme, un bouclier : la philosophie

Réapprenons à cogiter, mobilisons nos neurones dans un minimum de retrait, dataraxie, avec une lenteur contemplative comme acte de gratitude envers le monde et la vie.

Pensons plus, travaillant moins. Philosophons plus, vivons mieux. Relativisons et jouissons de ce qu’il nous reste à vivre dans les joies de l’esprit et dans le repos du corps. Écartons-nous du sevrage. Ne nous

préférons la philosophie à l’économie, préférons la vie à l’esclavage. Osons faire porter notre voix par-dessus les deux bêlements résignés et las.

Retrouvons le plaisir de ne penser à rien, de ne rien faire, sans en abuser, mais sans complexe aucun d’en user comme il en sied. L’adage latin Tempus fugit, utere, le temps fuit, sachent asservir, doit être notre. Inspirons-nous quotidiennement de son message

Conclusion

Oui nous devons sauver le monde, mais commençons, modestement, par nous sauvé nous-mêmes, non pas égoïsme, mais pas pragmatisme.

Une autre vie reste possible, loin de la logique des corbeaux anthracites de la bourse. Décrocher pour se réparer, penser pour panser, vomir les abdications quotidiennes, redresser sa colonne vertébrale et oser dire non. Refuser l’injonction, le chantage, le sens unique. Saoulons-nous de sieste, de soleil, de lavandes, de rires et de baisers, de convivialité et de tendresse, de partage et de fraternité, de plaisirs et d’improvisation, de projets et de rêves, sans fausse pudeur, dans le rejet altier des adorateurs maladifs du grand astre noir du renoncement, du désenchantement, sans culpabilité mal placée, mais avec la fierté de ceux qui osent.

Travaillons à mieux vivre. Dès maintenant, travaillons moins pour vivre mieux.

Ma conclusion

Un livre que l’on devrait étudier à l’école ; pourquoi ?

    • Parce qu’il ouvre les yeux sur le monde tel qu’il est aujourd’hui.
    • Parce que ce n’est pas un plaidoyer contre le travail, mais contre la condition humaine des pays moderne.
    • Parce que pour lutter, nous devons connaître contre qui/ou quoi nous nous battons.
    • Parce que pour évoluer nous devons savoir et maîtriser l’environnement qui nous entoure.

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